C’est quoi la blockchain ?

Vous le savez, chez The Yacht Club, on souhaite vulgariser au possible tout ce qui touche au web 3. La question ” C’est quoi la Blockchain ” est une des premières question que l’on se pose quand on s’intéresse au web 3. On va donc commencer directement par une définition simple de la Blockchain:

C’est un ensemble de données stockées et gérées par un réseau décentralisé d’ordinateurs. Le terme “décentralisé” est ici crucial, il signifie que les données ne sont plus stockées uniquement sur un serveur, appartenant à une entreprise privée pouvant utiliser à sa guise les données, dans le respect des legislations en vigueur. Non, elles sont réparties, de façon cryptées, sur l’ensemble des ordinateurs interagissant avec cette dite Blockchain et la responsabilité de ces données est commune à tous les utilisateurs.

On parle donc d’une technologie qui propose une rupture totale avec la politique imposée notamment par les GAFAM ces dernières années et qui peut redéfinir la façon dont nous traitons les données et transférons de la valeur.
La Blockchain est trop souvent amalgamée avec le Bitcoin, trop souvent associée à des idées fausses ou incorrectes. Cet article a pour but de vous donner une explication détaillée et neutre pour avoir une idée claire sur la question “C’est quoi la Blockchain ?”.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, n’hésitez pas à consulter nos autres guides sur la Blockchain et les crypto-monnaies !

Plus précisément, c’est quoi la Blockchain ?

Vous l’aurez compris, la Blockchain est un nouveau type de base de données, utilisant ce qu’on appelle des blocs, eux-mêmes reliés par des protocoles cryptographiques complexes. Ces protocoles ont pour but de rendre pratiquement impossible la compromission des données stockées sur la Blockchain. En effet, toute modification apportée à un bloc corrompt immédiatement les données des autres blocs, faisant apparaitre qu’il est évident que quelqu’un a essayé de modifier des données. La blockchain est donc infalsifiable, inviolable. En revanche, les données enregistrées précédemment peuvent être mises à jour mais pas modifiées rétroactivement. Toute mise à jour sera elle aussi tracée sur la Blockchain. Cela signifie que toutes les informations peuvent être retracées, vérifiées à nouveau à tout moment et surtout par tout le monde !

Pour répondre à une question commune, la Blockchain est avant tout une technologie. Je comparerais cela à un système d’exploitation d’ordinateur. C’est un concept, une technologie qui peut être déclinée sous différentes formes tel que Windows, Apple OS, Linux pour les systèmes d’exploitation .. Il existe donc de multiples Blockchains, ayant leurs propres caractéristiques, évolutions, spécificités.

Pour expliquer plus simplement la Blockchain je vais tenter une analogie, le puzzle. Chaque pièce du puzzle est un bloc, sur chaque pièce il y a une image que l’on peut assimiler à de la donnée et chaque pièce du puzzle ne peut être assemblée qu’avec une seule et unique autre pièce à sa droite par exemple. Si l’on remplace une pièce par une autre on s’aperçoit tout de suite que le puzzle est caduque, corrompu. Pour autant, tout le monde peut consulter ce puzzle même si l’image pourra être comprise ou non en fonction du visuel choisi.

Les fondements de la blockchain

La blockchain repose sur trois fondements qui sont ses piliers. Attention, ces fondements représentent la vision idéale de la Blockchain et il est nécessaire de les comprendre pour bien appréhender cette technologie. Le monde n’est pas tout blanc ou tout noir, il est gris. De la même façon que ses fondements seront appliqués à un degré plus ou moins important suivant l’application que l’on veut faire d’une blockchain.

1. Immutable

Immutable signifie que quelque chose ne peut pas être muté ou permuté. En résumé, il ne peut pas être changé / remplacé par quelque chose d’autre. C’est la propriété première d’un bloc sur la Blockchain.

Cette propriété est générée via un processus appelé le “hachage”. Pour faire simple, le hachage va traiter et transformer les données via un algorithme. Je ne rentrerais pas dans le détail mais ce qu’il faut retenir c’est qu’une même donnée traitée de multiple fois par le même processus de hachage donnera toujours le même résultat une fois transformée. Pour autant, il n’est pas possible d’en déduire la donnée de base à partir du résultat du hachage.

Dans une blockchain, le hachage est produit en utilisant à la fois les informations du bloc en cours d’utilisation et du bloc précédent dans la chaîne. Cela les relie entre eux : si quelqu’un essaie de modifier les données d’un bloc, tous les résultats du hachage “hashs” changent, rendant les données de tous les autres blocs inutilisables. Comme les hachages ne sont plus valides, la Blockchain rejette la tentative de modification.

Le fonctionnement même de la Blockchain garanti donc que toute donnée stockée est “fiable” et n’a pas été corrompue par une tierce partie. En revanche, il est possible de modifier une donnée déjà stockée mais cela fera l’objet d’un nouveau bloc sur la Blockchain, dans ce bloc la donnée sera la modification effectuée sur la donnée de base. Il est donc possible de voir toutes les modifications effectuées.

2. Décentralisé

Décentralisé signifie littéralement que l’information et/ou les données ne sont pas centralisées (sur un unique serveur par exemple). Donc, personne n’a la responsabilité ou autorité sur les données.

En d’autres termes, la Blockchain est un espace de liberté. Personne ne la contrôle, personne ne la dirige, elle appartient a la communauté et est construite de sorte à ce que personne ne puisse en prendre le contrôle. Cette caractéristique présente plusieurs avantages:

• La sécurité: les données n’étant pas stockées en un seul endroit mais partagées entre tous les participants, il est impossible (en théorie) de “pirater” une blockchain.
• La résilience du réseau: la Blockchain ne dépendant pas d’une entité, d’une personne ou d’un groupe de personnes, il ne peut y avoir de défaillance globale du système à cause d’un évènement local (coupure de courant, panne de serveur…).
• La confiance: la Blockchain n’appartenant et ne pouvant être prise sous contrôle par personne et étant mise en œuvre par ses utilisateurs, personne n’a le pouvoir dessus. En combinant l’aspect décentralisé avec l’aspect immutable, on a un réseau d’une fiabilité sans pareille concernant la protection des données.
• La surveillance: les données étant partagées entre les utilisateurs, il existe plusieurs “copies” des registres de la Blockchain. La comparaison de ces copies permet à la Blockchain de détecter directement toute tentative de corruption d’une donnée.

Ces avantages s’imbriquent les uns dans les autres et créent le fameux environnement de la blockchain qui vise l’équité et l’égalité.

3. Transparence

Pour acter ce principe d’équité et d’égalité, la Blockchain repose sur la transparence. tout le monde peut voir chaque transaction et toutes les informations qui s’y rapportent grâce à ce que l’on appelle les explorateurs de blocs.

Attention, cela ne veut pas dire que vos données personnelles seront visibles par tous ! Il faut bien garder en tête que vous restez maitre de vos données et que l’aspect transparence reste et doit être bien dosé. Lorsque vous utilisez la Blockchain, dans son état actuel, vous disposez d’un “portefeuille” ayant sa propre “adresse” virtuelle (une suite de chiffres et de lettres ..). Si vous payez demain une baguette grâce a votre portefeuille Bitcoin, le monde entier pourra voir que vous avez transféré 1 euro depuis votre portefeuille vers le portefeuille de votre boulanger. Mais personne ne saura qui vous êtes.

Libre à vous de déclarer que ce portefeuille virtuel est le vôtre ! Certains intermédiaires (plateformes d’échanges de crypto-monnaies par exemple) vous demanderont cependant de vous “identifier” via vos informations personnelles de base et vont lier votre adresse “virtuelle” à votre identité et conserver ces données sur leur serveur. Encore une fois, libre à vous d’accepter ou d’aller chercher des plateformes ne demandant pas cette vérification.

En revanche, pour de grosses entreprises, gouvernements ou entités, ils peuvent tout a fait décider de rendre publique leurs portefeuilles virtuels, pour rassurer leurs clients / population et rentrer dans un cercle vertueux de responsabilisation. La Blockchain peut introduire un monde ou la transparence est une exigence de la population pour obtenir la confiance.

La Blockchain, comment ça marche ?

Maintenant que vous connaissez les 3 piliers qui fondent la Blockchain, cette technologie devrait vous paraitre plus claire. En résumé, il s’agit d’une base de données transparente, immuable et décentralisée sur laquelle on peut stocker et / ou transférer des données. Prenons un exemple concret. Vous détenez quelques Bitcoin sur votre portefeuille virtuel mais vous souhaitez en envoyer à un ami, voila ce qu’il va se passer:

• Vous créez une transaction sur la Blockchain. Pour cela vous allez entrer les informations de base, l’adresse ou vous voulez envoyer vos Bitcoins, combien vous voulez en envoyer.
• Vous allez payer les frais de réseau. Il s’agit en fait de la récompense allouée au membre du réseau qui va prêter sa puissance de calcul pour que votre transaction soit encapsulée dans un bloc du réseau.
• Votre transaction et les informations de base (adresse d’envoi et de réception, nombre de bitcoins) sont ajoutés à un bloc. Vous pouvez décider de payer des frais de réseau plus cher que les frais de base pour que votre transaction soit traitée en priorité.
• Le bloc (avec les données de votre transaction) est ajouté à la Blockchain après avoir subi le processus de hachage. Cela étant fait, il n’est plus possible de modifier le bloc et donc d’annuler la transaction. En revanche, le destinataire peut vous renvoyer vos fonds en faisant une nouvelle transaction.
• Concernant vos Bitcoins, ils ne sont pas transférés. Vos Bitcoins sont et restent stockés sur la Blockchain. En revanche, avant cette transaction, il était écrit dans le réseau que ces bitcoins appartenaient à votre adresse de portefeuille. Maintenant il est écrit qu’ils appartiennent à l’adresse de votre ami.

Le processus d’ajout d’un bloc à la blockchain dépend d’un autre facteur appelé algorithme de consensus. Pour ne pas surcharger cet article, je vous invite à consulter nos articles sur les deux processus de concensus existants:

• Proof of Work (PoW). Consensus utilisé par le Bitcoin et anciennement sur la Blockchain Ethereum.
• Proof of Stake (PoS). Consensus utilisé par la nouvelle version de la Blockchain Ethereum et la quasi intégralité des Blockchains existantes.

Exemples de cas d’utilisation de la Blockchain

La Blockchain est déjà utilisée dans de nombreux secteurs de façon plus ou moins publique. Devant le caractère polémique de cette nouvelle technologie, il apparait que beaucoup d’entreprises l’utilisant ne communiquent pas sur cet aspect. Voici des cas d’application concrets de la Blockchain:

• Chaîne d’approvisionnement: la Blockchain permet de simplifier les processus des chaines d’approvisionnement en supprimant la nécessité de dupliquer les données chez le client et le fournisseur tout en réduisant considérablement l’utilisation de papier. Carrefour utilise déjà la Blockchain pour assurer la traçabilité de ses produits Filière Qualité Carrefour sur des produits tels que les poulets d’Auvergne Filière Qualité Carrefour.
• Billets d’accès à des évènements: la Blockchain permet de générer et stocker de manière décentralisée des billets d’évènements (concerts, matchs…) sous forme de NFT et de les rendre INFALSIFIABLES. Le billet n’est pas imprimable et est lié au téléphone / appareil de son détenteur. Le lien entre le billet et le détenteur est fait sur la Blockchain et ne peut être falsifié. En revanche, le détenteur peut revendre son billet sur une plateforme dédiée et le détenteur sera modifié. Ed Sheraan, lors de son dernier concert au stade de France, à utilisé la Blockchain avec succès.
• Assurance: un autre cas dans lequel la réconciliation des données est importante, la blockchain permet à tous les participants de voir ce qui a été fait par qui. Cela permet d’éviter les fraudes à l’assurance et d’accélérer tous les processus.
• Art: l’exemple le plus connu est sans doute celui des NFT. Posséder un NFT, c’est être capable de prouver que l’on possède un objet numérique original, un peu comme la différence entre posséder une peinture originale et n’en avoir qu’une copie. Même si des dérives existent actuellement sur ce sujet, cela reste une avancée majeure pour le monde de l’art.
• Jeux vidéos: et si tous vos objets cosmétiques et autres objets en jeu étaient des NFT et pouvaient être échangés ou vendus grâce à la Blockchain ? Vous devenez propriétaires de vos objets, ils ne sont plus qu’une simple ligne de code sur un serveur qui ne vous appartient pas. Cela ouvre aussi la porte à la réutilisation des NFT que vous avez acquis dans un jeu sur un autre, du même éditeur par exemple.
• Œnologie: un des plus grands problèmes dans le milieu de l’oenologie, et surtout sur les grands crus et vieilles bouteilles, est l’historique de la bouteille que vous souhaitez acheter. Comment garantir que votre vin à été conservé à la bonne température et qu’il sera bon ? Demain on peut imaginer que tout l’historique de vie de votre bouteille sera archivée sur la Blockchain et sera infalsifiable.

Je ne vais pas être exhaustif mais vous apercevez déjà le potentiel d’application dans des domaines plus variés les uns que les autres.

Conclusion

J’espère que cet article vous permettra d’y voir plus clair sur les grandes questions de ” C’est quoi la Blockchain? “, ” Comment marche la Blockchain ” et “A quoi sert la Blockchain “.
Vous l’aurez compris la Blockchain présente des avantages uniques, nouveaux et inestimables pour de nombreux domaines.
Bien sûr c’est une technologie en cours de développement, qui n’est pas parfaite et qui doit être améliorée. Elle n’est aujourd’hui pas prête à une adoption grand publique (comme l’était internet à la fin des années 1990) mais elle présente un réel intérêt publique, pour un monde meilleur.
Pour finir, dans cet article j’ai abordé la Blockchain dans sa version la plus fondamentale. Pour une adoption grand publique, il faudra certainement doser, comme une recette de cuisine, ses fondements en assurant une transparence bien dosée par exemple.